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13 février 2008

La Réunion en projets

Société L’île verte est sur les rails
CLICANOO.COM | Publié le 13 février 2008

Réunis hier en préfecture, acteurs économiques et élus locaux ont salué comme "un moment historique" le lancement par l’Etat du projet "Réunion 2030", destiné à faire de l’île un laboratoire pionnier du développement durable, d’envergure internationale. Tous ont souligné la nécessaire appropriation de ce défi par la population et rappelé qu’outre sa dimension écologique, ce projet vise avant tout la croissance économique et la création de 15 000 emplois. Diminuer la taille des caractères Augmenter la taille des caractères Imprimer Envoyer l'article à un ami Vos réactions 10 réactions de lecteurs Ambiance grand-messe proche de l’euphorie hier matin dans les salons de la préfecture. Responsables politiques et économiques étaient tous là ou presque pour accueillir le haut fonctionnaire qui incarne le grand projet de la Réunion de demain. Pierre-Alain Roche, ingénieur général des Ponts-et-Chaussées, a été chargé mercredi dernier par le gouvernement de préparer durant six mois la phase opérationnelle du programme "Réunion 2030" (notre édition d’hier), que le préfet vante comme "le seul grand projet de l’Outre-mer, et depuis fort longtemps". Comme il vise un rayonnement régional et une notoriété internationale, donc une tonalité anglophone, ce plan a été rebaptisé "Gerri", pour "Grenelle de l’environnement à la Réunion : réussir et innovation" et, plus parlant, pour "Green energy revolution Reunion island". Objectif : "Supprimer les énergies fossiles au profit des sources renouvelables". Pierre-Henry Maccioni explicite : "Ce projet comporte cinq programmes : les transports, la production énergétique, le stockage de l’énergie, l’habitat HQE et le tourisme durable. (...) Le but du président de la République est de faire en sorte que dans ces domaines, la Réunion ait 3 ans, 2 ans, 6 mois d’avance sur les autres. Ce n’est pas du futurisme, c’est de l’anticipation." Ce programme s’accompagnera d’une communication forte, de projets phares des collectivités, d’une intensification de la maîtrise de l’énergie, et de la création d’une filière "irréprochable" de traitement des déchets associés (batteries, chauffe-eau solaires...). "Effet boule de neige" Pierre-Alain Roche a débuté cette semaine une large concertation avec les acteurs locaux. "Faire de la Réunion un laboratoire mondial de l’énergie, ce n’est pas une parole pour se faire plaisir, explique-t-il. Ce projet extrêmement ambitieux se fonde sur une réelle capacité." L’île ne part pas de zéro. Dans la lignée de la dynamique initiée par la Région, le but de Pierre-Alain Roche est "la démultiplication et la mise en notoriété" des actions déjà en œuvre, pour "un effet boule de neige dès 2012". Hier, le préfet a rendu "un hommage appuyé au président Vergès. Si nous sommes là, c’est grâce à lui et à son engagement. Il sera un acteur essentiel du projet." Sous la houlette de M. Roche, qui fixera des objectifs chiffrés aux horizons 2012 et 2030, un comité de pilotage sera rapidement mis en place, suivi de "premières actions rapides" et la création d’une structure de portage du projet, dont la forme reste à préciser. Seule certitude dixit le préfet : elle sera dirigée par "une personnalité emblématique de carrure internationale" et réunira le monde économique et politique. "Il y aura une gouvernance difficile à mettre en place, mais c’est le rôle de M. Roche", anticipe Philippe Berne. 15 000 emplois Le vice-président de la Région se félicite "que le soubassement mis en place par la Région soit ainsi encouragé", rappelant l’existence du Prerure (*), du Comité de maîtrise de l’énergie, de l’ARER, du pôle professionnel Temergie et de formations spécialisées notamment à l’IUT de Saint-Pierre. "Nous avons tous les ingrédients pour aller de l’avant. Il faudra notamment avancer sur les transports. Nous avons un boulevard devant nous, des économies fantastiques à réaliser par un nouveau maillage. C’est aussi le travail de la révision du SAR (schéma d’aménagement régional, ndlr) pour densifier l’habitat autour des gares du tram et des bus en sites propres." (**) Cette avance incite Philippe Berne à réclamer, sans attendre six mois, des mesures immédiates, notamment sur la réglementation thermique et l’obligation de chauffe-eau solaire pour le bâti neuf. Si ce projet Réunion 2030 est aussi fédérateur (lire par ailleurs), c’est qu’au-delà de la lutte contre les gaz à effet de serre et la dépendance aux énergies fossiles, il constitue le levier de croissance le plus prometteur pour l’île depuis très longtemps, à côté des grands travaux. Michel Dijoux, président de Temergie, rappelle qu’avec le lancement de la R&D et son application industrielle sur l’île, "Gerri" représente un gisement de 15 000 à 17 000 emplois sur les 10 à 15 prochaines années. Qui dit mieux ? Sylvain Amiotte (*) Plan régional visant l’autonomie électrique de l’île d’ici 2025. (**) Le rapporteur général du Grenelle de l’environnement se rendra fin mars à la Réunion pour discuter de cette dimension urbaine. Avec quel argent ? Après les jolies déclarations d’intention, la question qui se posera très vite sera celle du financement. Le préfet n’en fait pas cas : "Nous n’avons absolument aucun souci là-dessus. Je vous assure, d’après nos premiers contacts, que les constructeurs automobiles sont prêts à faire des efforts car il s’agit pour eux d’une vitrine formidable." Et de prévenir : "Ce projet ne repose pas sur les financements de l’Etat, mais avant tout sur les initiatives des acteurs économiques. Même s’il y aura des incitations fiscales, des subventions et crédits d’impôt." Selon lui, l’insularité de la Réunion est une chance : "Une île, ça signifie dérogations et expérimentations." Ce qui n’empêche pas Philippe Berne de tiquer sur les investissements à venir : "On ne souhaite pas que l’Etat, qui joue le rôle de moteur, refile le gros du financement aux collectivités." Nassimah Dindar, présidente du comité ultramarin du Grenelle de l’environnement, se veut rassurante : "Il y aura des budgets pour la Réunion 2030." Du côté du Medef, François Caillé ne s’attend pas à un pont d’or public : "Il nous faudra faire preuve de créativité et ne pas chercher l’argent où il n’y en a pas. Mais il y a des leviers simples, comme le tarif de rachat du photovoltaïque ou l’octroi de mer pour les voitures, qui peuvent faire exploser les filières." Il n’empêche, ces facilitations sont loin d’être gratuites. "Gerri", je t’aime Le chantier de l’île verte, voulu par les acteurs économiques, passe donc la vitesse supérieure avec "Gerri". Maurice Cérisola souligne "la volonté très forte de positionner la Réunion comme un endroit unique au monde. Ce n’est pas du nombrilisme ni de l’orgueil, mais une avancée vers l’excellence". Pour le Medef et la CGPME, François Caillé et Pascal Thiaw-Kine saluent "un moment historique", qui ouvre "une ère nouvelle pour la Réunion", grâce à "une unité des acteurs économiques élargie à l’Etat et aux collectivités". Eric Magamootoo applaudit : "C’est rassurant pour nous car nous avons une belle feuille de route." Au nom des artisans, le président de la Chambre de métiers invite à "ne pas rater le coche", tandis que l’Artic (association réunionnaise des professionnels des TIC) y voit l’opportunité de "faire revenir notre élite grâce aux postes d’ingénierie et de recherche qui seront nécessaires". La FRBTP, quant à elle, axera sa prochaine AG sur le thème du développement durable... Un enthousiasme général donc, y compris des communes, René-Paul Victoria citant le projet d’éco-cité à la Montagne, Alain Bénard proposant déjà celui de Cambaie comme une des dix "Ecopolis" suggérées par le rapport Attali, et Jean-Paul Virapoullé brandissant la future valorisation des déchets verts et de l’énergie thermique des mers à Bois-Rouge... Reste aujourd’hui à convaincre les citoyens réunionnais de cette chance de développement et des exigences qu’elle implique. Voilà sûrement le plus grand défi de "Gerri", comme le souligne Maurice Cérisola : "Il faut absolument que la population s’approprie cette affaire-là. La maîtrise de l’énergie, c’est la responsabilité de chacun de nous." Alors, êtes-vous "Gerri-compatibles" ?

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